Elle porte le numéro 99, les cheveux courts et un short rouge. Quand j’ai vu Ebrar Karakurt en demi-finale sous le maillot de la Turquie, en brune, j’ai été surprise, voire déçue, car j’avais noté qu’elle était plutôt portée sur le blond platine ou sur le rose bonbon côté cheveux. Mais passons. Avec son style agressif et son allure dégingandée, je l’ai facilement reconnue alors qu’elle se démenait face à l’Italie. Si j’avais été frappée de myopie, je l’aurais repérée grâce aux très nombreux supporteurs turcs présents dans les tribunes de la porte de Versailles, qui scandaient son nom à chacune de ses prises de balle. Ebrar Karakurt et ses camarades, dont la redoutable Melissa Vargas, n’ont rien pu faire contre l’Italie (0-3). La Turquie n’ira pas en finale, mais elle peut encore décrocher le bronze. Ce sera samedi. Branchez-vous. Cette équipe mérite un coup d’œil, sur le plan tant sportif – championne d’Europe 2023 – que socio-politique.
Il faut voir leurs supporteurs, bruyants, chantonnant. J’ai suivi beaucoup d’épreuves et de matchs pendant ces Jeux. J’ai vu des femmes voilées dans les tribunes d’Israël-Mali au football, France-Italie au volley-ball, ou encore lors des rencontres de la boxeuse algérienne Imane Khelif. Mais aucune durant cet Italie-Turquie. Bien sûr, l’une d’elles a pu m’échapper parmi les nombreuses femmes turques, fières de leur équipe, qui représente le camp des libéraux face aux conservateurs turcs, trempés dans le nationalisme et l’islamisme.
« Notre peuple nous soutient incroyablement »
« Les femmes turques aiment incroyablement le sport. Nous avons eu de nombreuses stars olympiques féminines ces dernières années et, cette année, nous avons plus d’athlètes féminines que d’athlètes masculins aux Jeux olympiques », avait déclaré, avant les JO, Ebrar Karakurt à nos confrères de l’AFP. « Les Turques font preuve de force dans le sport et dans tous les aspects de la vie. Nous essayons de les inspirer encore davantage et de les rendre heureuses en remportant des trophées. Aujourd’hui, en Turquie, tout le monde dit : “Nous sommes un pays de volley-ball.” Nous jouons tous les matchs à guichets fermés et nous battons des records d’audience. Nous sommes liées aux femmes turques par les liens du cœur. »
Cette équipe de Turquie ne plaît pas à tout le monde à domicile. Pourtant, en se hissant sur le toit de l’Europe en 2023, les « Sultanes du filet », comme les appellent leurs supporteurs, ont décroché un premier titre continental en sports collectifs pour leur pays. La capitaine Eda Erdem avait dédié cette victoire à Mustafa Kemal Atatürk, ancien président turc, une sorte de champion des droits des femmes : « À l’occasion du 100e anniversaire de notre république, nous avons d’abord remporté la Ligue des nations, puis nous sommes devenues championnes d’Europe. Nous avons écrit une belle histoire. Je suis heureuse, je suis fière ! Notre peuple nous soutient incroyablement, nous recevons de l’amour et du soutien de partout. »
« Chasteté et morale »
Revenons à Ebrar Karakurt, qui souhaite « inspirer » les femmes turques. Elle est régulièrement attaquée en raison de son homosexualité et de sa défense des droits LGBTQI +. La télévision publique l’interviewe rarement… Karakurt, qui bénéficie du soutien sans faille de sa fédération, multiplie les ripostes ironiques et les provocations en ligne…
En 2021, à l’occasion des JO de Tokyo, Ihsan Senocak, un théologien, avait vertement critiqué les « Sultanes du filet », jugeant leur tenue et leur comportement trop légers, alors qu’elles venaient de s’imposer face à la Chine, championne du monde en titre : « Filles de l’Islam, vous n’êtes pas les sultanes des terrains de jeux mais celles de la foi, de la chasteté et de la morale. » Quelques jours auparavant, la Turquie se retirait de la convention internationale d’Istanbul, qui vise à protéger les femmes des violences sexistes et sexuelles.
Et le président turc actuel, Recep Tayyip Erdogan, amateur du voile ? Au début, il semblait fan… Il a même remis en personne à Melissa Vargas son passeport turc après sa naturalisation (elle était auparavant cubaine). Lors du triomphe européen, il avait publié sur X (ex-Twitter) un sympathique message : « Je félicite de tout cœur notre équipe féminine de volley-ball, les “Sultanes du filet”, qui nous a tous rendus fiers. » Deux jours après, il changeait quelque peu de ton : « Certains tentent de transformer des domaines tels que la culture, les arts, le sport, qui devraient tous nous unir autour de nos valeurs communes, en outils de défaite et de désordre. » Puis : « Tout le monde, qu’il soit citoyen turc ou non, doit respecter pour tout individu son droit d’exister, son droit d’expression et son droit de vote. » Et encore : « Notre lutte contre les mentalités, les abus et les déviances sociales qui se cachent derrière ces cas enragés de minorités qui refont surface, de temps en temps, ne cessera de se poursuivre. »
Grâce aux « Sultanes », la Turquie pourrait samedi garnir un peu plus son panier de médailles, jusqu’à présent maigrichon. Qui sait si elles seront célébrées…
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